À la quête du Wakonai.

Lundi 20 octobre.

Le matin on attend un peu que le vent baisse et on part. On s'arrête à quelques centaines de mètres du rivage pour je ne sais plus quelle raison et quand on redémarre la ficelle du lanceur casse. Comme le moteur était en marche on discute pour savoir si on tente la traversée ou si on retourne à la mission pour réparer. On choisit de retourner.

Le (premier) départ. Le temps n'est pas fameux...

Le retour à la mission.

Dans le village voisin il y a un mécanicien. On le contacte par téléphone car le téléphone marche sur Fergusson.
La réparation.

je profite de l'attente pour faire une photo d'une petite observatrice.

On repart, la traversée doit durer 2 heures.
Dès qu'on passe le cap il se met à pleuvoir. La visibilité baisse très vite. Le vent se lève et les vagues grossissent.
Deux femmes dont une avec bébé et un vieillard essaient de s'abriter sous une bâche. Les autres reçoivent les embruns en pleine figure. Je suis sur le banc, au milieu avec deux autres personnes. Je n'ai rien à quoi m'accrocher à part le banc lui-même. Je maintiens mon bilum entre mes jambes. Très vite tout est trempé d'eau de mer. Mes deux caméras et mon smartphone sont waterproof, je les ai choisi pour ça en sacrifiant la qualité des images à la sécurité. J'ai bien fait car tout serait hors service. Le disque dur est dans une boîte hermétique aussi.
Au bout de 3 heures de tempête ils ont commencé à répéter "là on devrait voir la terre" et "on devrait déjà être arrivés".
Au bout de 4 heures le mécano a dit on va tomber en panne d'essence. Ils ont demandé à voir mon GPS, mon smartphone en fait. Comme l'écran tactile était plein d'eau salée il marchait très mal mais j'y suis quand même arrivé. On a eu le temps de voir qu'on avait fait les 2/3 de la distance et qu'on allait dans la bonne direction puis il s'est bloqué.
Le mécano a récupéré tous les fonds de bidons pour pouvoir continuer un peu. À partir de là on a pu capter le réseau. On a téléphoné au secours pour dire qu'on était perdu sans essence mais qu'on ne connaissait pas nos coordonnées. D'autres téléphonaient à leur famille... La femme au bébé se lamentait sans arrêt disant qu'on allait mourir puis elle a commencé à faire ses prières. J'ai été un peu sec, mais je lui ai dit de se taire!
Comme il y avait le téléphone on savait qu'on était à moins de 40 km des côtes. On attendait de savoir si les restes d'essence nous amèneraient jusqu'à la côte.
Après un temps interminable on a discerné une masse noir. C'était les montagnes de la côte. La pluie s'est arrêtée quand on a approché et le dessin des montagnes a été visible. Un passager a reconnu la forme des montagnes et a dit où nous étions. Il nous a guidés vers un endroit où il y avait quelques maisons et une minuscule boutique.
On a débarqué comme des zombis, tremblant de froid sur une plage de sable noir.
Le pilote disait qu'il avait toujours eu confiance et qu'il était sûr d'y arriver. Alors je lui ai rappelé que je l'avais entendu dire qu'on était perdu et qu'on n'avait pas assez d'essence... Il a reconnu que avant de voir le GPS il pensait qu'on avait passé East Cape et qu'on était perdu au large dans la mer de Corail entre le Papouasie et l'Australie.
On a trouvé 20 litres d'essence à acheter et on est repartis en longeant les côtes vers le sud-est. Là on s'est pris la pire des pluies du voyage. Enfin on est arrivé dans un village, Awayama qui est le départ d'une piste pour Alotau à travers la montagne. La traversée a duré près de 5 heures, il était prévu 2 heures...
On a trouvé un PMV et on est parti pour Alotau.
Je passe à la banque et vais rejoindre le Transit Hotel. Je mets tous mes appareils sous le robinet pour retirer l'eau salée. Les gens sont un peu étonnés de me voir laver une caméra, un appareil photo et un smartphone.
Bien heureux d'être sur la terre ferme et encore vivant.