À la quête du Wakonai.

Mardi 23 septembre.

Réveil, je vais à la rivière Mia pour me laver, faire ma lessive et prendre mon petit déjeuner. Mais au bout de deux minutes il y a une trentaine d'hommes et de garçons qui me dévisagent à 5 mètres et me harcèlent de questions... On se croirait en Inde! J'avais décidé d'avoir un matin tranquille, c'est loupé.
Je leur explique gentiment que je veux être tranquille une petite heure et qu'après j'irai au village (Waput) répondre à toutes leurs questions, impossible de les faire partir. Certains font mine de partir et se cachent dans les bosquets pour me surveiller.
J'étais assez énervé.

Rivière Mia.

Petit déjeuner. Noix de coco et cabosse de cacao.

Je vais au village et je me mets à faire du stop pour Lae car je ne voulais pas trainer ici.
Débarquent le chef du village et quelques femmes. Il me demande ce qui se passe pour que je veuille partir, alors je lui raconte la scène précédente et je me retourne vers les femmes et demande « Vous aimeriez qu'une troupe d'hommes vous regardent quand vous allez vous laver à la rivière? ». NON unanime. Là, j'avais gagné.
Le chef s'excuse et explique que c'est une bande d'idiots. Et m'invite à rester. On s'installe devant une case près de la route. Je réponds à toutes leurs questions et j'explique que je cherche un agrume sauvage (bus muli prononcer bousse mouli) mais que je n'ai aucune idée de ce que c'est ni d'où il est. là, la moitié du village était déjà autour de nous et tous disent qu'ils ne voient pas. Alors le chef dit que les jeunes n'osent pas aller en forêt et que seuls les vieux la connaissent et il ajoute: je connais le seul agrume qui existe dans notre région.
Je lui demande de m'y conduire. Il y a une bonne petite marche.

L'agrume est juste au pied de cette pente.

On arrive. Il me montre un arbre et quand je lève les yeux je sais exactement ce que c'est: Citrus macroptera.
Les feuilles ne peuvent pas tromper.
Trois agrumes de trouvés sur les cinq cherchés.

Le chef du village au pied du macroptera. J'évalue la hauteur de l'arbre à 12 mètres.

Un jeune grimpe dans l'arbre pour rapporter des branches et des fruits. Il n'y a pas de fleurs.
Les feuilles, 7-8 cm de large sur 25 cm de long.

Ici c'est une branche plantée dans le sol pour prendre les photos au soleil.

La troupe qui nous a suivi avec au milieu Manoa le découvreur (le chef du village).

Trois beaux fruits.

Contrairement à ce qui est dit partout le fruit est très juteux.

Les graines font presque 2 cm de long et portent les marques des vésicules.

On passe à la dégustation. Tout le monde veut essayer. Le zeste n'est pas déplaisant. L’albédo est insipide, aucune trace d'amertume. Tout le monde trouve la pulpe bonne sauf moi.
La pulpe est très juteuse, acide avec un goût citronné et un petit arrière goût déplaisant mais peu d'amertume.
Les descriptions qu'on trouve sur le net sont déjà très contradictoires mais là je suis en face d'un agrume qui ne correspond à aucune des descriptions!?

Le chef Manoa m'attribue une case et je décide de fêter la trouvaille avec une bière. Il faut aller au village suivant. Tout le monde me dit que je ne dois pas y aller seul car les gens de l'autre village sont dangereux. J'y vais quand même seul. Là bas tout le monde est très gentil. Je trouve ma bière et quand je commence à attendre un PMV pour retourner à Waput ils me disent on va vous accompagner car les gens de Waput sont dangereux! Je rentre seul évidement...
La scène est caractéristique des locaux. Pour eux, tous les autres sont dangereux.

La soirée se passe en discussions avec les jeunes du village . L'institutrice du village est cultivée, ouverte d'esprit et on peut parler de tout.